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L'Europe des Habsbourg

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Publié par dans Politique ·

Lettre bernoise 67
L’Europe des Habsbourg

Ma chère Ingrid,

Charles « de » Habsbourg-Lorraine nous instruit sur l’Europe, l’empire, la nation.

Le Monde (16 janvier 2014) le cite respectueusement pour faire entendre les thèses chères à l’oligarchie européenne. Le neveu de l’archiduc François-Ferdinand, petit-fils du dernier empereur d’Autriche, Charles Ier, et fils d’Otto de Habsbourg, nous édifie par ses déclarations, congrues ou controuvées. Le sieur fut député européen.

Au chapitre des aveux lumineux figure l’assertion : « Je suis heureux que l’évolution européenne ait suivi la direction où allait sa pensée (celle de son père Otto). Il est vrai que l’Union européenne était, avec d’autres moyens, le prolongement de la vieille idée d’empire supranational. » Indéniablement, le capital financier mondialisé, l’Europe marchande,  s’accommodent excellemment des vieux habits impériaux, qui tiennent les peuples à distance, et avec eux cette encombrante démocratie.

Douteuse est l’affirmation : « On se trompe en pointant les Etats du doigt ». Jean Jaurès nous enseigne que les Etats sont l’expression des rapports de classe plutôt que la simple expression de la classe dominante selon Marx. Mais il est certain que les Etats sont eux-mêmes pris (autant que partie prenante) dans le jeu des forces internationales. Charles évoque la Russie en négligeant l’Angleterre, puissance dominante en 1914. Notre homme exonère sa famille du déclenchement de la Première Guerre Mondiale.  « S’il n’y avait pas eu les balles de Sarajevo, elle (la guerre) aurait éclaté quelque part ailleurs trois semaines plus tard (…) les Autrichiens, passablement aveuglés, ont cru que ce serait une petite guerre, où il suffirait de faire un peu le ménage en Serbie ». La Serbie avait accepté l’ultimatum autrichien, à l’exception de la clause exigeant que les fonctionnaires autrichiens enquêtent en territoire serbe, clause constitutive d’une patente atteinte à sa souveraineté. Comme en écho, en 1999, la conférence de Rambouillet achoppa sur l’exigence d’un contrôle de tout le territoire serbe par l’OTAN. « Faire un peu le ménage en Serbie » ? La liberté des peuples relève ainsi d’une répression aussi insignifiante qu’un coup de balai domestique. Le coup de balai s’est prolongé en 2008, quand l’Autriche fut le premier Etat à reconnaître le Kosovo, en une pérenne hostilité à la Serbie.

L’angle mort de la vision du sieur Habsbourg est le peuple, et l’Etat-nation, dont la Révolution française a fait le fondement, son expression politique. D’où le constat du quidam : « L’idée d’Etat-nation est une idée de l’avant-dernier siècle ». Si le Printemps des peuples s’exprime au XIX eme siècle, l’idée remonte au XVIII eme.

Comme tous ceux qui confondent, ou mélangent, la nation et le nationalisme, Charles Habsbourg-Lorraine rabat le nationalisme sur la nation «  « Si l’on veut jouer au jeu de la culpabilité, alors c’est sans doute le nationalisme qui porterait la plus grande faute ».
La guerre n’est ni un jeu ni un jeu de mot.  Ma chère Ingrid, le nationalisme est à la nation ce que le viol est à l’amour.  

Ni les aristocrates, ni les marchands ne prisent le peuple, qu’ils tiennent pour populiste populace. Le pouvoir du peuple les rebute, la démocratie les chiffonne. Le vespéral quotidien français (qui traduit passivement un article de la Süddeutsche Zeitung)  ne croit pas utile d’évoquer son état civil officiel : Karl Habsburg (Charles Habsbourg), ou Karl Habsburg-Lothringen (Charles Habsbourg-Lorraine), en sa République d’Autriche qui ne reconnaît aucun de ses titres princiers. Le détail de la particule a son importance, d’autant qu’en 2002, le quidam fut directeur exécutif de « l’organisation des nations et des peuples non représentés ». Car l’Organisation des Nations-Unies, elle, n’en déplaise à ton pseudo-prince, ma chère Ingrid, se fonde sur les Etats-nations, cette vieillerie assurément populiste. Le peuple autrichien est bel et bien représenté à l’ONU par la République d’Autriche, tandis que la Lorraine est intégrée à la France.

Républicainement, tendrement, ma chère Ingrid, je t’embrasse.

Ton Guillaume tel que tu le sens : courroucé.

Berne, le 19 janvier 2014.





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