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Disserter sur la démocratie
Disserter sur la démocratie et les différences que nous pouvons rencontrer entre l’ouest et l’est européen ne va pas nous apporter de nouveautés fondamentale, même si une vision neutre d’un citoyen helvétique peut apporter une lumière ou une philosophie distincte à l’idéologie usitée au sein de l’Union Européenne ; la Suisse étant une des plus ancienne démocratie et, de plus, avec un système de démocratie directe, certes contraignant, voir compliqué.
En mai 1949, dix pays européens, encore secoués par la seconde guerre mondiale, restent persuadés que la consolidation de la paix fondée sur la justice et la coopération internationale est d’un intérêt vital pour la préservation de la société humaine et de la civilisation en restant inébranlablement attachés aux valeurs spirituelles et morales qui sont le patrimoine commun de leurs peuples et étant à l’origine des principes de liberté individuelle, de liberté politique et de prééminence du droit, sur lesquels se fonde toute démocratie véritable. Ces dix pays fondèrent le Conseil de l’Europe, la doyenne des organisations européenne. Pour qu’un Etat puisse adhérer au Conseil de l’Europe, ses institutions doivent être démocratique et respecter les droits de l’homme. Cela se traduit concrètement par une suprématie du droit, des élections libres et une ratification par l’Etat de la Convention européenne des droits de l’homme.
A ce jour, 47 Etats sont membres, dont la Suisse depuis 1963, soit presque l’entier du continent européen. La Biélorussie, considérée comme une dictature, le Kazakhstan (mais est-ce réellement un Etat du continent européen ?), le Kosovo encore trop nouveau et surtout pas reconnu par une partie de la communauté internationale sont les rares pays à ne pas être membres ; nous pouvons également ajouter le Vatican. Ces 47 Etats ont signé la Convention européenne des droits de l’homme, un traité visant à protéger les droits et la démocratie. Certes, l’ouverture aux Pays de l’Europe de l’Est n’a été accordée que suite à la chute du mur de Berlin et ce n’est que dans les années 1990, via la Commission de Venise avec mission d’aider à la mise en place des lois et institutions nécessaires à la démocratisation, que nous voyons un nombre important d’Etats rejoindre le Conseil de l’Europe ; la Roumanie en date du 7 octobre 1993. Mais ne croyons pas que tout est plus simple du côté de l’ouest européen, car aussi bien pour le Portugal sous le régime de Salazar ou pour l’Espagne sous celui de Franco n’ont pu rejoindre ce Conseil quant 1976 et 1977. De plus la Grèce, premier pays, avec la Turquie, à rejoindre les 10 membres fondateurs en août 1949 a été retirée de 1969 à 1974, soit pendant la dictature des Colonels.
Nous n’avons jamais, dans l’histoire de l’Europe, vu une démocratie aussi affirmée qu’en ce début du 21ème siècle. Presque toutes les sociétés européennes peuvent se targuer d’être une démocratie à partir du moment où elles reposent sur les principes d’une citoyenneté souveraine, une prise de décision transparente et un gouvernement tenu de rendre des comptes. La démocratie est « le gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple » selon Lincoln et c’est d’ailleurs l’étymologie de ce mot qui vient du grec « demos » le peuple et « kratos » pouvoir. Une société démocratique offre la méthode de gouvernance la plus juste pour la plupart des citoyens, du moins pour les européens, c’est certainement aussi le système le plus égalitaire. Elle est soumise à un impératif moral, celui de protéger et de promouvoir les droits de l’homme de chaque individu, de chaque groupe et de chaque communauté de la société.
Je suis assez d’accord avec Churchill quant il disait : « La démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres » et, quoique difficile et prenant du temps à appliquer dans la réalité, c’est globalement la voie à suivre pour un meilleur développement de l’humanité. Par contre il n’y a pas une démocratie, mais des multiples formes de démocratie et je ne pense pas qu’il y a automatiquement une hiérarchie dans ces différentes formes, même si je préfère le système de la démocratie directe que nous connaissons en terres helvétiques et qui apporte réellement le pouvoir au peuple. Nous trouvons également la démocratie présidentielle comme en France, en Russie et aussi en Roumanie ; les démocraties parlementaires au Royaume-Uni, en Espagne, en Slovaquie. L’Allemagne est dotée de structures gouvernementales fédérales. Des démocraties utilisent un système de vote proportionnel quand d’autre lui préfère le vote majoritaire. Toutes ont cependant en commun un certain nombre de principes, dont l’égalité de tous les citoyens et le droit de chacun à un certain degré d’autonomie personnelle.
Nous ne leurrons pas, des critiques peuvent surgir concernant la démocratie. Les philosophes grecs les plus célèbres ont toujours considéré que la démocratie faisait partie des régimes à proscrire, il faut dire qu’à cette époque tous les humains n’étaient pas considérés comme le peuple. Socrate disait déjà que la démocratie pouvait entrainer une dérives démagogiques, alors que Platon évoquait un régime basé sur la convoitise et qui ne repose pas sur la sagesse de ses représentants, mais sur la plus ou moins grande séduction que ces derniers parviennent à établir sur le peuple, des pensées d’aujourd’hui, non ? Plus proche de nous, Tocqueville considère, en 1840, que la démocratie contient en elle-même le germe d’une tyrannie. Elle contient d’une part la liberté des individus, d’autre par l’égalité de ceux-ci ; il évoque ainsi l’obsession de l’égalité entre les hommes et c’est cette obsession qui va conduire à limiter les libertés ; le système est ainsi corrompu par lui-même car il ne peut plus assurer les garanties dont les hommes bénéficient normalement dans ce régime.
En ce début du 21ème siècle, l’inquiétude générée par l’état de la démocratie est universelle. Dans beaucoup de démocratie européenne, l’insatisfaction et le scepticisme politique se généralisent, tout comme l’impression que l’élite se permet de faire fi de la volonté du peuple. Certains développements antinomiques de la démocratie, comme les inégalités sociales aigues et la corruption, génèrent une frustration et une colère qui risquent d’alimenter un populisme.
Personnellement je vois trois gros problèmes pouvant nuire à la démocratie comme je la rêve. L’impuissance et le découragement ressentis par les citoyens ne les incitent guère à s’impliquer plus activement dans la société. Face à des élections, on constate plutôt indifférence et déceptions ; on n’élit pas un Président, mais l’on vote contre un autre. On ne vote pas pour un parlement européen, mais contre un gouvernement national en place. Ou alors, plus simplement, on ne vote plus, ce qui amène, de part la loi, à obliger des citoyens à aller aux urnes, comme nous le voyons dans certains cantons suisse.
Un second phénomène est que même si une majorité de citoyens décident par référendum d’accepter ou de refuser un projet de loi, le gouvernement en place trouve une astuce politico-juridique afin de faire passer son projet (je pense ici au référendum français de mai 2005 et de plusieurs choix de votations en Suisse). Ce phénomène augment l’esprit d’indifférence des citoyens et donne peu de crédit à la démocratie et à ses représentants.
Et le troisième point sensible reste l’argent. En effet, même avec le système de démocratie directe, les partis font campagne et tous les partis n’ont pas automatiquement les mêmes moyens financiers. Nous voyons très vite que les publicités avancées sont légions, mais nous pouvons aussi analyser les montants investis, dont à plusieurs reprises on frise l’indécence.
Mais ne soyons pas trop alarmiste et jouons sur les couleurs d’un échiquier en blanc et noir, sur le yang et le Ying, sur un pavé mosaïque. La participation des jeunes est particulièrement faible et bien que se pose là indubitablement un vrai problème, plusieurs études indiquent une hausse de la participation, mais sous d’autres formes : groupes de pression, initiatives civiques, organisations non gouvernementales. L’activisme par le biais d’internet est une nouvelle forme très souple de participation. Les élections après tout, sont une façon grossière de garantir la représentation fidèle des intérêts des citoyens et il faut, généralement, attendre quatre ou cinq ans pour pouvoir enfin demander des comptes au gouvernement. Une société démocratique n’est pas seulement un gouvernement élu démocratiquement et un système d’institutions nationales ou régionales. La démocratie est un processus pratique qu’il faut cultiver chaque jour et partout. La démocratie est susceptible de fonctionner plus efficacement et de mieux servir les intérêts de ses citoyens sur les individus formulant des exigences, exerçant des pressions et contrôlant en permanence les actions de leurs gouvernements. Dans une société moderne, c’est essentiellement par l’intermédiaire des organisations non gouvernementales et des médias que les citoyens peuvent exercer ce contrôle. Les médias ont une fonction très puissante dans les démocraties, on parle même de quatrième pouvoir. Ils relaient les informations et les opinions de divers acteurs sociaux et jouent un rôle d’arbitre au nom des citoyens. Mais ils ne peuvent remplir cette fonction qu’à la condition d’être indépendants des influences et des intérêts des gouvernements et des entreprises, ainsi que de prendre leur mission au sérieux. Naturellement il faut se battre afin que la liberté de la presse, la liberté de pensée, la liberté d’expression soient toujours à l’ordre du jour, à chacun ensuite de connaître les limites à ne pas dépasser ; la liberté de parole ne donne pas l’autorisation d’insulter gratuitement.
La démocratie ne se met pas en place en quelques jours, le processus prend du temps, beaucoup de temps et nous devons savoir être patient, sans cesse garder l’axe que nous nous sommes fixés. Si vous me permettez, je dirai que nous devons vendre ce précepte, trouver les arguments, en faire de la publicité. Avant d’arriver au système sophistiqué et presque parfait de la démocratie directe, plusieurs siècles ont défilé sur les montagnes d’Helvétie où nous avons presque tout connu, mais aujourd’hui je suis très fier de mon Pays, même si des fois je suis loin d’être d’accord avec les résultats des votations ; cela aussi fait partie de la démocratie et nous devons apprendre à accepter que l’autre peut avoir une pensée différente.
Mon créneaux est que si nous désirons que la démocratie prospère, nous devons l’inculquer aux enfants afin qu’ils en fassent leur mode de vie. Les compétences qui permettent de construire la démocratie ne sont pas innées. Enseigner la démocratie signifie aider les plus jeunes à devenir des citoyens capables de préserver et de consolider nos acquis. De plus, dans nos sociétés multiculturelles, la formation au système démocratique apportera, du moins je l’espère, une plus grande intégration des migrants, quelque soit leurs origines, leurs sexes, leurs religions. Enseigner la démocratie, c’est encourager la curiosité, la discussion, la réflexion critique, mais constructive. Cela permettra de comprendre qu’aucune démocratie, qu’aucun gouvernement n’est parfait et qu’aucune idéologie n’incarne la vérité absolue. La difficulté ne sera certainement pas les enfants, les jeunes, mais les enseignants, les professeurs, les formateurs, nous les soi-disant adultes. Si les enfants doivent bien évidemment comprendre les concepts fondamentaux de la démocratie ; la mise en pratique, vivre et agir dans un environnement démocratique est certainement le meilleur exercice, voire le seul qui soit véritablement adapté. De plus ce qui serait valable dans les écoles, devrait également se travailler dans les clubs, les associations ou les institutions pour les jeunes, y compris les instances religieuses et là, nous voyons l’importance de la laïcité et les possibilités de travailler en symbiose.
Ce programme permettra d’améliorer encore la compréhension de la démocratie, d’augmenter la volonté de vouloir une belle et grande démocratie pour tous, mais également d’éduquer à la tolérance, à l’acceptation de l’autre et tout ceci sans violence, sans fusil, sans guerre. Alain disait : « Ne vouloir faire société qu’avec ceux qu’on approuve en tout est chimérique, c’est le fanatisme même ».
Ah oui, n’oublions pas, n’oublions jamais que les jeunes sont notre avenir.
Alors si nous trouvons quelques petites différences sur les démocraties entre l’ouest et l’est européen, cela ne provient que de l’histoire du siècle dernier. Avec notre volonté, notre travail ainsi que les rêves de nos enfants et pour nos enfants, nous pourrons parler d’une seule voix concernant la démocratie, de l’ouest à l’est mais aussi du sud au nord de notre beau continent qu’est l’Europe.
Philippe Lang / 24.01.2015
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