Newsletter D&DS N° 10 - DIALOGUE & DEMOCRATIE SUISSE

Dialogue & Démocratie Suisse
Aller au contenu

Newsletter D&DS N° 10

Liens
Newsletter N° 10
Retrouver le sens du Dialogue

Par Pierre Chastanier, Président du CIU
 
« Rien dans l'Univers ne peut résister
À l'ardeur convergente d'un nombre suffisamment grand
D’intelligences groupées et organisées »
RP Teilhard de Chardin :
 
Monsieur le Président,
Très Cher André,
TTCCSS, TTCCFF,
Chers Amis,
 
C’est avec joie que je vous retrouve aujourd’hui, depuis la création de votre association le 23 avril 2010 où en qualité de Président fondateur de DDF, j’étais venu vous rendre visite et vous parrainer.
 
Vous avez prospéré à Genève d’abord puis à Lausanne, sous la houlette de notre TRF André Moser qui n’a pas ménagé sa peine car nos groupes de travail, reposant strictement sur le bénévolat ne peuvent perdurer que lorsqu’une poignée de volontaires acceptent de les faire vivre ce qui implique beaucoup d’abnégation. Je vous souhaite donc qu’il puisse encore longtemps rester à votre service même s’il faut toujours penser à préparer la suite.
 
Ce qui nous rapproche entre DDF et DDS outre nos liens fraternels c’est le sens du Dialogue que nous avons voulu placer dans le titre même de nos institutions.
 
A la différence de la discussion et du débat, la parole qui traverse (c’est l’étymologie du mot dia-logos) comporte nécessairement raison, discernement, exactitude et sagesse, pour que des arguments convergents et convaincants se déploient progressivement parmi les interlocuteurs.
 
Le but n'est pas d'avoir raison coûte que coûte ni d’imposer à son vis-à-vis un point de vue cognitif, mais d’échanger de part et d’autre quelque chose qui a du sens pour qu’en toute liberté, l'écoute active, l'humilité sincère et le respect mutuel évitent cet écueil que nous constatons si souvent dans les débats télévisés où les débateurs succombent presque toujours à la tentation d’opposer arguments contre arguments et croient dialoguer alors qu'en fait, ils ne prennent même pas le temps d'examiner les sujets dont on parle et vont, aidés en cela par leurs communicants respectifs, à la chasse à la contradiction émaillée de petites phrases assassines destinées à mettre les rieurs de leur côté !
 
Un dialogue réussi intègre au contraire tous les points de vue des participants et apporte une conclusion dans laquelle ils se retrouvent tous. Mais cela n’est vraiment possible que si l’on accorde à la notion de fraternité toute l’importance qu’elle mérite.
 
Or, être capables de dialoguer aujourd’hui, ce n’est pas seulement une vertu c’est devenu une nécessité !
 
C’est vrai aussi bien dans le domaine politique, économique ou social, que sur les questions sociétales.
 
Le Dialogue politique
 
Aujourd’hui, même si des différences notables existent d’une Nation à l’autre, nous pouvons tout de même relever que dans de nombreux pays la démocratie est en danger.
 
Lorsque le vote n’est pas obligatoire, l’abstention progresse et le vote blanc ou nul est rarement comptabilisé.
 
Selon les systèmes représentatifs en place certains Partis minoritaires sont totalement sous-représentés isolant dangereusement leurs adhérents
 
Le rejet de la politique atteint presque partout un niveau sans précédent et les oppositions Droite-Gauche ont été tellement « bétonnées » par 50 ans de bipolarisation que les esprits doivent véritablement se rééduquer avant de pouvoir à nouveau communiquer.
 
Les valeurs humanistes et républicaines ne sont même plus énoncées :
  • Promouvoir une société de liberté et de responsabilité, juste et solidaire
  • Rester attachés à notre civilisation gréco-latine et judéo-chrétienne qui en 20 siècles a forgé nos Nations et aux Droits et Devoirs qu’elle a apportés au monde
  • Intégrer dans le cadre de la Laïcité, celles et ceux qui veulent vivre avec nous sous la protection de la Loi tout en respectant notre culture comme nous nous devons de respecter la leur si elle n’est pas contraire aux valeurs humanistes universelles telles que définies dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
 
Pour cela un dialogue permanent respectueux des positions initiales de chacun doit s’instaurer entre tous ceux qui à des degrés divers souhaitent éclairer les Hommes
 
Cela n’empêche pas un langage de vérité et de lucidité que ni le « politiquement correct » ni le « discours décliniste » ne doivent émousser.
 
Il doit rassembler pour que naisse de l’infinie variété des projets partisans, un projet collectif fondé sur l’intérêt général.
 
Il n’autorise pas cependant toutes les prises de position et notamment les plus extrémistes car il ne saurait donner lieu à des propos en contradiction avec les principes juridiques et philosophiques qui fondent notre humanité.
 
Pour que ce dialogue s’instaure, il faut une méthode :

  • Prendre conscience que personne ne détient de vérité absolue
  • Apprendre à écouter l’interlocuteur pour s’enrichir de ses bonnes propositions
  • S’ouvrir à toutes les Ecoles de sagesse pour que s’entendent les voix des initiés
  • Accepter de mettre en œuvre les solutions consensuelles qui se dégageront des débats
 
Il faut ensuite se fixer un objectif, un cap à tenir :

  • Résoudre les problèmes de notre temps (chômage, économie, questions sociétales)
  • Revivifier nos Institutions et assainir le fonctionnement de l’Etat
  • Bâtir une société solidaire redonnant l’espoir aux jeunes et respectant les anciens
 
 
Or, comment bâtir sur la diversité des opinions si on ne dialogue pas ?
 
Comment susciter l’adhésion d’un peuple sur une politique économique et sociale sans un minimum de consensus ?
 
Le rôle des Partis est certes de proposer des choix mais aussi de négocier des terrains d’entente acceptables par les uns et par les autres.
 
Or, « Ils soulèvent la poussière et se plaignent de ne pas voir » comme disait Berkeley[1]. Que penserait-il d’eux devant ces débats télévisés actuels ou personne n’écoute personne, bien éloignés qu’ils sont des préoccupations réelles des citoyens dont nombre d’entre eux ignorent tout.
 
Les querelles d’Etats-Majors déboucheront rarement sur autre chose que des accords locaux de candidats désireux d’abord et avant tout de conserver leur poste coûte que coûte ! « Bon Appétit Messieurs Ô Ministres intègres» clamait Ruy Blas[2].
 
Et pourtant si les Hommes et les Femmes de bonne volonté acceptaient de se retrouver momentanément en oubliant les pancartes qu’ils portaient hier, celles de ces Partis qui étymologiquement séparent, on pourrait sûrement, autour des valeurs humanistes, réunir une large adhésion du plus grand nombre de nos concitoyens pour choisir parmi eux les représentants les plus dignes de conduire les affaires du Pays.
 
Propositions pour une véritable maïeutique d’un dialogue républicain :
 
Une démocratie plus largement représentative : Parmi les questions à débattre, l’interdiction de cumul des mandats, la limitation à deux mandats successifs de chaque type, la fin des privilèges indus à nos représentants, l’aide au reclassement après un retour à la vie civile, la réorganisation de l’administration territoriale, la chasse aux dépenses somptuaires ou superflues,
 
Un enseignement revigoré : Comment s’entendre sur un effort généralisé dès la Maternelle, le tutorat scolaire obligatoire, un parcours différencié selon les aptitudes, le contrôle de l’apprentissage des savoirs fondamentaux et de la formation professionnelle, les passerelles à tous les niveaux pour les plus motivés, les écoles de la deuxième chance, l’ouverture plus large du service de l’Etat aux différentes professions, la revalorisation de la fonction d’enseignant et des responsabilités leur incombant,
 
Le travail grande cause nationale : Le dialogue doit permettre le lancement d’un vaste programme procurant « un emploi pour tous (travail, formation ou service d’intérêt général)», l’assouplissement du code du travail, le choix d’une formation professionnelle prioritairement réservée aux chômeurs, l’adaptation des demandes de formation scolaires aux besoins du pays, l’accueil au travail des populations migrantes, une politique de grands travaux dans tous les secteurs de croissance prévisibles, l’aide mûrement débattue à la création d’entreprises, ou l’aide à l’émigration particulièrement dans le cadre de la francophonie,  
 
Une Santé solidaire : Quelle que soient nos opinions nous devons inventer ensemble la responsabilisation des circuits sanitaires, la lutte contre les déserts médicaux, les passerelles entre professions de santé, la revalorisation de la médecine générale, une répartition plus juste des tâches entre une médecine publique socialisée et une médecine privée libérale, une modification profonde des modes de prises en charge des personnes âgées ou dépendantes, ou la création de centres de soins dédiés aux bénéficiaires de la CMU,
 
Une sécurité repensée : Autre secteur d’affrontement où le dialogue pourrait changer les choses, la lutte ardente contre toutes les formes de délinquance (de la prévention par l’éducation à la répression sans faiblesse), la création de Villages d’accueil pour les migrants, la rénovation des prisons ouverte à une politique de réhabilitation et de travail pour les détenus, ou plus simplement l’intransigeance sur les infractions au code de la route
 
Une politique européenne renouvelée : Un débat constructif devrait permettre de lutter contre la gabegie financière des structures actuelles, de revenir au principe sacro-saint de la subsidiarité, de promouvoir une véritable politique européenne commune (défense, affaires étrangères, unification économique et fiscale avec « Ceux qui le veulent »), de fidéliser dans l’indépendance, l’amitié et la coopération nos liens avec les USA tout en nous rapprochant de la Russie, de développer une nouvelle coopération avec l’Afrique ne serait-ce que dans le cadre de la francophonie.
 
Une ouverture au futur : favoriserait les échanges concernant la transition énergétique, les nouvelles technologies, le développement de l’innovation et de la recherche, la globalisation du numérique, l’adaptation de l’éducation et de la formation, l’aide à la modernisation dans le respect d’une éthique humaniste
 
Le Dialogue social
 
Sujet brulant et pourtant indispensable, opposant régulièrement Etat, Patronat, Syndicats, Organisations professionnelles, employés en voie de licenciement, autonomistes, manifestants de toutes sortes.
 
Le dialogue ne peut se nouer qu’entre partenaires sincères et là réside déjà une première difficulté dans un contexte mondialisé où l’ultra capitalisme triomphant a concentré au cours de ces dernières années 50% de la richesse de la planète entre les mains de 1% de sa population.
 
Et parmi ces derniers, le même ratio existe : le 1% du 1% des plus riches possède autant que les 99% d’autres ! Ceux-là peuvent décider du sort du monde, contrôler les médias, acheter les consciences, déplacer les usines au mieux de leurs intérêts au mépris des conséquences.
 
Nous nous contenterons d’évoquer quelques points d’achoppement d’actualité :
 
L’emploi :
 
Il est urgent que sous l’autorité de l’Etat, les partenaires sociaux apprennent  à dialoguer avec un esprit ouvert et une volonté de réelle solidarité.   
 
Les 35 heures : En France, on attribue à Martine Aubry la réforme des 35 heures qui était en fait un piège que DSK voulait tendre à la Droite persuadé qu’il était d’une victoire de celle-ci aux législatives de 1998. Devant la victoire de la Gauche, il s’empressa de « refiler le bébé » à l’innocente Martine car il savait pertinemment que le travail n’était pas un gâteau figé qu’il fallait partager mais au contraire un gâteau proportionnellement extensible selon la compétitivité des entreprises sur un marché globalisé. Depuis, face à des patrons de très grandes entreprises, stars finalement traitées à égalité avec celles du spectacle ou du football (où comme disait Coluche on voit des Smicards payer pour voir courir des milliardaires) l’immense majorité des patrons de TPE et de PME qui n’ont rien de nantis, tente de s’arranger avec un Code du Travail et un encerclement administratif si complexes que ne persistent que ceux qui ont pour seule vocation l’Entreprise, hommes et femmes beaucoup plus proches de leurs ouvriers que l’immense majorité des politiques et qui ne réclament qu’une seule chose : qu’on les laisse tranquille !
 
Les migrants : Alors que le FN prospère sur l’absence d’une politique migratoire, on ne peut laisser des êtres humains périr en mer ou s’entasser dans d’ignobles Sangatte sans réagir. L’immigration bien sûr, doit être contrôlée et un traitement différencié doit être apporté aux véritables réfugiés politiques par rapport aux simples réfugiés économiques qui tentent l’amalgame ! Mais plutôt que de rejeter sans cesse le poids de nos erreurs sur des boucs-émissaires, pourquoi ne voyons-nous pas ensemble ce qui peut être fait avec cette main d’œuvre adulte parfois formée qui n’a à offrir que sa force de travail et sa volonté de vivre en paix à nos côtés ? Sachons certes écarter les troubles fêtes ou les infiltrés mais accueillons humainement les vrais demandeurs d’asile. On trouve tout à fait normal par exemple, d’acheter à bas prix des produits chinois mais combien crieraient au scandale si dans des villages d’accueil bien organisés et contrôlés, des populations migrantes, en attente de régularisation administrative, pouvaient vivre tranquillement et travailler aux mêmes salaires que les ouvriers de Shanghai !
 
Les zones déshéritées : Entre ZEP, ZAC, ZAD et banlieues des grandes agglomérations un monde qui s’urbanise de plus en plus essaie de survivre. Diversité ethnique inimaginable, carences totales de l’enseignement primaire ou des Syndicats d’Enseignants « courageux » s’arrangent pour envoyer leurs jeunes Collègues dès leur premier poste, lieux privilégiés de tous les trafics où il faut beaucoup de courage à un enfant pour étudier avec la perspective d’un SMIC alors que ses camarades gagnent 3 fois plus en faisant le guetteur, le « Chouf » (! ), quartiers hors d’atteinte pour la Police, les Pompiers et même les Médecins d’où pourtant s’éveillent des vocations encourageantes. Nous fustigeons ces Cités alors que nous devrions battre notre coulpe :
 
Qui a attiré inconsidérément pour leur seul profit ces populations étrangères ? Qui a rompu le Contrat de travail au profit du regroupement familial ? Qui n’a rien fait pour favoriser l’intégration des immigrés par l’apprentissage de la langue, la formation à nos valeurs, le respect, la justice et la fraternité ? Qui n’ose prendre par intérêt électoraliste les mesures nécessaires en matière de lutte contre les trafics mais aussi en matière de prévention du radicalisme religieux ? Qui se moque aujourd’hui alors que l’économie a changé de nature des conditions d’emplois des jeunes issus de l’immigration rejetés aussi bien chez nous que dans leur pays d’origine ?
 
Le Dialogue sociétal
 
Après les lois autorisant le mariage homosexuel et l’homoparentalité, la « Manif pour tous » allait mobiliser dans la rue pendant plusieurs mois des centaines de milliers de Français souhaitant défendre les valeurs traditionnelles de la Famille, interdire des adoptions à géométrie variable et défendre les Droits de l’Enfant.
 
Dans le même temps où le radicalisme islamique frappait durement à nos portes, d’autres voulaient défendre les Droits et Devoirs liés à une Laïcité républicaine, ceci concernait aussi bien l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires dans les lieux publics, les menus de substitution dans les cantines, la mixité des piscines, le respect des Droits de la femme dans les populations immigrées vivant sur notre sol, la fermeture de mosquées aux mains d’Imams salafistes autoproclamés grassement rémunérés par des Emirats arabes que l’on souhaitait par ailleurs attirer comme investisseurs.
 
Sur toutes ces questions, nos sociétés doivent refonder le socle des valeurs sur lequel elles souhaitent s’appuyer.
 
Au classique « A Rome vivons comme les Romains » des uns confronté à la volonté de laisser s’établir la « Société multiculturelle » des autres, une fois encore le dialogue qui s’impose peut apporter des solutions.
 
Il y a des points susceptibles d’être facilement acceptés. Les Français ont fait du couscous un de leur mets favoris, alors pourquoi interdire le menu de substitution dans les cantines ? La Famille, même si l’Union libre est presque devenue la règle pour les premières années du couple, reste le mode privilégié de la conception française de la vie en commun, alors pourquoi ne pas s’être contenté d’une Union Civile réglant les questions administratives et fiscales pour les tenants des autres formes de vie sociale ? L’adoption des enfants âgés, si difficile en France ne peut-elle être simplifiée et favorisée tout en restant bien préparée, plutôt que de pousser des couples à louer des ventres à l’étranger pour combler leurs désirs affectifs?
 
Il y a des bastions à reprendre : syndicats omnipotents dans l’éducation nationale hermétique à bien des réformes (on le voit encore aujourd’hui dans leur refus d’aider au redéploiement de l’apprentissage qui pourtant chez nos voisins allemands permet d’aller jusqu’à l’Université), organisations ouvrières bien peu représentatives (7% des salariés) alors que la participation au dialogue de tous serait requise, groupes de pressions et lobbies de toutes sortes dès qu’un pouvoir de nuisance est disponible.
 
Une société devenue profondément individualiste doit céder la place à plus de responsabilité, plus de solidarité, plus de liberté.
 
Confrontés à une immigration massive qui n’est pas près de s’estomper et qui, c’est le cas par exemple en Allemagne, est devenue nécessaire aux pays en déclin démographique,
Confrontés aux demandes sociétales des écologistes qui souhaitent une redéfinition de la protection de la planète en croissance zéro, avec une transition énergétique ardemment recherchée refusant jusqu’à examiner les mutations technologiques qui bouleverseront notre proche avenir
Confrontés à l’ultra capitalisme qui choisira toujours quelles qu’en soient les conséquences locales à se redéployer au mieux de ses intérêts
Confrontés aux revendications religieuses radicales qui pourraient replonger le monde dans un indescriptible chaos,
Confrontés à l’incapacité des organisations internationales, ONU en tête d’assumer la fonction de gendarme du monde qui ne peut plus être entre les seules mains des USA
Posons-nous pour conclure cette question : Serons-nous capables par le dialogue de restaurer notre société pour que les valeurs républicaines pour lesquelles nos Pères se sont sacrifiés reprennent toute leur place ?
Nous avons d’immenses atouts et un avenir à la hauteur de nos espérances
 
Il suffit pour cela que les Hommes et les Femmes de bonne volonté se retrouvent sans ces étiquettes partisanes qui dressent entre eux des cloisons mentales, et décident de s’organiser en recherchant par le Dialogue l’indispensable compromis entre une « Liberté qui permet d’Entreprendre » et une « Solidarité qui maintient la volonté de Vivre Ensemble »
 
C’est à cette humble tâche que celles et ceux qui veulent suivre des « Voies de Sagesse » doivent s’atteler.

[1] Principes de la Connaissance humaine 1710
 
[2] Victor Hugo “Ruy Blas” Acte 3 Scène 2
 
 
Retourner au contenu